Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ma tribune
19 janvier 2008

Désorientation

    Chaque lycée et collège dispose de permanences régulières d'un conseiller d'orientation psychologue. Un joli nom n'est-ce pas ? Cette personne est chargée de permettre aux élèves de choisir une voie parmi les multiples filières qui existent, possédant toute un nom plus barbare les unes que les autres. En théorie, l'élève passe une batterie de test cherchant à déterminer quel emploi, ou quel type d'emploi, lui conviendrait le mieux. En pratique, ça ressemble à une série de cases à cocher, de QCM, synthétisées à la fin par un graphique en toile d'araignée disposant de branche comme "contact humain", "travail de bureau", "nature", "travail manuel", faisant apparaitre les affinités de l'élève avec telle ou telle caractéristique. Pourquoi pas !

 

    Maintenant, comment se passe l'orientation d'un élève ? Je parlerais ici de mon expérience personnelle, et j'aime à croire que d'autre en ont vécu une différente, malheureusement j'ai des doutes. Si vous avez une expérience à me raconter, n'hésitez pas à m'envoyer un mail (lien en bas à droite).

 

    Retour quelques années en arrière, pendant mes années collège. Notre conseiller d'orientation psychologue, c'est une salle du CDI avec quelques revus de l'ONISEP (Office National d'Information Sur les Enseignements et les Professions). De quoi s'informer donc ! 2002/2003, année scolaire de ma 3ème. Cette année se finira d'ailleurs difficilement avec une grève de l'éducation nationale nous privant quasiment de cours d'histoire (entre autre) pendant presque 3 mois. On se consolait en voyant notre professeur à la télé au premier rang des manifestations. Mois de Mai, stress intense dans les rangs, les conseils de classe approchent. A l'issue, nous sommes tous fixés sur notre sort. Certains redoubleront, certains passeront en lycée général, professionnel, d'autre en BEP, voire en CAP.

 

    Où est le problème ? Et bien quelque soit notre envie, notre avis, nous sommes classés. Les X premiers iront en lycée général, une majorité tout de même, il ne faudrait pas faire baisser les statistiques du collège. Les suivants iront en lycée professionnel. Les mauvais iront en BEP, et les très mauvais qu'on veut pas faire redoubler pour pas les revoir iront en CAP. C'est ainsi "en ville", où les filières professionnelles et technologiques sont destinées à être éternellement les dépotoirs des autres filières plus "nobles". Et pourtant, c'est utile non, des secrétaires, des techniciens, des ouvriers qualifiés, des laborantins, et une multitude de métiers absolument nécessaires au bon fonctionnement de toute les entreprises. A quoi serviraient les ingénieurs si il n'y a pas d'ouvriers pour construire leurs machines ?

 

    Coup de chance, mes résultats furent suffisant pour aller dans la filière que je désirais, une seconde générale. A la fin de l'année, rebelote, nous sommes encore une fois "orienté". Nous avons pas mal de choix. Un ami était un peu en difficulté. Un de nos professeur lui dit un jour, vers la fin de l'année "je suis désolé, mais tes résultats ne sont pas suffisants, tu devrais penser à t'orienter vers une filière technologique". Rien ne pouvait lui faire plus plaisir ! Il ne voulait pas s'encombrer d'un BAC S qui le forcerait à faire de longues années d'études. Mais étrangement, pour les professeurs, pour les parents d'élève, et même les élèves, c'est souvent honteux de se retrouver dans ce genre de filières.

 

    Mais c'est à nuancer ! Après cette seconde, ma famille a déménagé. Je me suis retrouvé à Limoges, dans un lycée général et professionnel. Ici, tous se mêlaient, avec une forte majorité de filières technologiques et professionnels. En fait, la seule filière générale est une filière S, avec seulement trois classes de première et trois de terminale. En comparaison des autres filières, c'est très peu important. Et, en même temps que j'évolue dans cet environnement complètement nouveau, je découvre une toute nouvelle vision de l'orientation et de l'enseignement. Un élève de seconde qui a envie de faire du travail de laboratoire n'aura aucune difficulté à accéder à la filière technologique "STL", même si il a les meilleures notes de sa classe. Ce genre de chose était impensable dans mon lycée de banlieue.

 

    Ici, on ne vient pas paumer des élèves qui ne veulent pas faire d'étude dans des filières où ils s'ennuieront. Et où ils seront bloqués après. Ces élèves qui ne veulent pas faire d'étude se retrouvent avec le BAC, parfois difficilement acquis. Et après ? Avec un BAC général, on ne peut faire que chercheur à l'ANPE ! L'élève qui aura été correctement orienté, autorisé à entrer dans une filière technologique ou professionnelle, qui aura suivis ces cours qui l'intéressent, aura la possibilité de travailler dès sa sortie du lycée. On nous rabâche que le bâtiment manque d'employés qualifiés... laissons la possibilité aux gens qui désirent faire ce métiers de pouvoir le faire ! Et ne réservons pas ces filières à ceux qui ont des mauvais résultats. C'est là que les énarques de l'éducation nationale se trompent. Ce n'est pas parce que quelqu'un à des mauvais résultats qu'il faut l'orienter vers des filières différentes, moins "théoriques". Si quelqu'un à des mauvais résultats, c'est bien souvent qu'il est déjà trop tard, soit qu'il a déjà subi une mauvaise orientation et qu'il n'a rien à faire là où il est, soit qu'il a manqué, à un moment ou à un autre, de l'attention nécessaire à tout les élèves.

 

    Et avec des classes de primaire déjà surchargées, c'est surement pas en supprimant encore des postes que la situation va s'arranger... Et si, au lieu de leur lire la lettre de Guy Moquet, à ces collégiens, on s'assurait qu'ils peuvent la lire tout seul ? On aurait surement des surprises.

Publicité
Publicité
Commentaires
Ma tribune
Publicité
Publicité